« Ceux qui ne se souviennent pas du Passé, sont condamné à le revivre » (Georges Santayana poète chilien).
Paul Eluard, en ce 8 mai date anniversaire de la Victoire sur le nazisme, est à l'honneur.
Son poème Liberté, écrit en 1942 a été une arme poétique de combat pour la Résistance !
Nous n'oublions pas les victimes et tous ceux qui ont payé de leur vie cette vision raciale, totalitaire, guerrière de la Vie
Nous saluons ici les résistances, les héros et les sans grades, qui nous ont permis de vivre aujourd'hui en Liberté.
L'Histoire bégaie, et les remontées de ces idéologies d'extrême droite en Europe et leurs applications déjà dans certains pays de l'Union comme la Hongrie et demain en Ukraine*, nous tient mobilisées.
* Ce sont les mêmes qui ont massacrés à Odessa les syndicalistes. Crimes couverts par l'Occident.
« Liberté »
Paul Éluard, Poésie et Vérité, 1942.
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Biographie de Paul Eluard (1895-1952)
1895
Naissance, à Saint-Denis, en région parisienne, d'Eugène, Emile, Paul Grindel, qui prendra le nom de Paul Eluard. Son père, Clément Grindel est comptable, sa mère, Jeanne, est couturière.
1912
Eugène Grindel obtient le brevet. Il a les poumons fragiles. Sa mère part avec lui en vacances dans les montagnes suisses afin de lui faire respirer l'air pur.
En décembre, les médecins diagnostiquent une tuberculose pulmonaire. Eugène doit interrompre ses études. Il part au sanatorium de Clavadel, en Suisse. Il y restera jusqu'en février 1914. Il y fait la connaissance d'une jeune fille russe, Helena Dmitrievna Diakonava, dont il tombe amoureux. Il la surnommera Gala.
Eugène écrit ses premiers poèmes.
1913
Le 1er décembre, il publie à compte d'auteur (grâce à l'aide financière de son père) un petit recueil, Premiers poèmes, sous-titré "Loisirs, Pierrot, Les cinq rondels de tout jeune homme." Ce recueil est signé Paul-Eugène Grindel.
1914
Paul et Gala envisagent le mariage, mais Mme Grindel calme leurs ardeurs. Gala rentre en Russie. Paul, dont l'état de santé s'est amélioré, revient en France en février.
Le 3 août, Paul est mobilisé, et devient infirmier dans un hôpital militaire de la Somme. Il est envoyé sur le front comme infirmier et est le témoin de terribles hécatombes.
1916
En Août, au front, il fait paraître un recueil de dix poèmes (polycopié par lui-même à 17 exemplaires ) intitulé Le Devoir. Il signe Paul Eluard, du nom de sa grand-mère maternelle. Il y exprime son horreur de la guerre; effroi qui ne le quittera plus.
En Septembre, Gala revient en France
1917
Paul épouse Gala. Elle sera la première inspiratrice de sa poésie et aura sur sa carrière poétique une influence déterminante.
Paul Eluard publie Le Devoir et L'Inquiétude.
1918
Naissance de Cécile, leur fille.
Paul Eluard publie Les Poèmes pour la paix. Recueil remarqué par Paulhan qui le présente en 1919 à André Breton, Louis Aragon et Soupault. Eluard contribue, quelques années plus tard, à la création du groupe surréaliste, dont il sera l'une des figures les plus marquantes.
1920
C'est, à Paris, l'année de dada ( mouvement fondé en 1916 par le poète roumain Tristan Tzara et qui est venu s'installer à Paris en 1919).
Eluard fonde sa Revue, Proverbe, à laquelle vont collaborer plusieurs dadaïstes.
Il publie Les Animaux et Leurs hommes, Les Hommes et leurs animaux, un recueil illustré par des dessins d'André Lhote.
1923
Rupture avec dada ( bagarre au Théâtre Michel entre Paul Eluard et Tristan Tzara )
1924
Année de tension. Paul Eluard est en conflit avec son père. Son couple connaît également des difficultés.
En mars, à la veille de la publication de Mourir pour ne pas mourir, dont il annonce que ce sera son dernier livre, il s'embarque sans prévenir à Marseille pour un voyage autour du Monde. Gala et ses amis le croient mort.
Ce voyage va durer sept mois ; voyage mystérieux car Eluard n'en parlera pas et ne l'évoquera pas dans œuvre. Max Ernst et Gala le rejoignent durant l'été en Asie.
En octobre, de retour en France, il participe au fameux pamphlet collectif, un Cadavre, contre Anatole France qui vient de mourir et qui symbolise aux yeux des surréalistes, l'homme de lettres officiel et grandiloquent.
1925
Publication de Au défaut du silence
1926
Il adhère avec les autres surréalistes au parti communiste. Il s'en fera exclure comme eux en 1933. Il publie Capitale de la douleur, recueil dans lequel il exprime toute sa virtuosité poétique et à sa totale liberté d'expression.
1929
Son couple connaît de graves tensions.
1930
Gala le quitte pour Dali. Il rencontre Maria Benz, une belle alsacienne, à qui il donne le surnom de Nusch. Paul Eluard va vivre avec Nusch, qui sera sa nouvelle muse et compagne, une nouvelle grande histoire d'amour qui va durer jusqu'en 1946
1932
Publication de La Vie immédiate
1933
Exclusion du Parti communiste en raison de divergences sur le modèle soviétique
1934
Publication de La Rose publique
1936
Publication des Yeux fertiles
1938
Publication de cours Naturel dont l'un des poèmes, La Victoire de Guernica est inspiré par le célèbre tableau de Picasso
1939
Publication de Donner à voir
1940
Eluard sera l'un des grands poètes de la Résistance. Il publie, dans la France occupée, de nombreux textes de réconfort et de lutte.
Publication clandestine de : Le Livre ouvert I
1942
Publication de clandestine de Poésie et Vérité qui contient le célèbre poème Liberté que les avions anglais parachuteront dans les maquis. Eluard revient au parti communiste. Il y restera jusqu'à sa mort.
1945
A la libération, Eluard est fêté par tous.
1946
En novembre, Nusch meurt brutalement d'une hémorragie cérébrale. Cette mort provoque son désespoir, et le fait songer au suicide.
1947
Publication de Le temps déborde, avec des poèmes dédiés à Nusch écrits avant et après sa mort
1949
Il rencontre Dominique, sa dernière compagne.
1951
Il épouse Dominique. Elle lui inspire les magnifiques poèmes d'amour de son dernier recueil : le Phénix.
1952
Eluard est très malade. Deux mois avant sa mort, il publie Les sentiers et les routes de la Poésie.
Il meurt le 18 novembre, à 57 ans, suite à une crise cardiaque.