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Pour une Écologie Insoumise‎

 

Patrick Farbiaz‎ 

 

Le jour d’après, déclaration de la coopérative politique Ecologie Sociale

1. Avec le deuxième tour des législatives, une séquence politique se referme. L’élection d’Emmanuel Macron et de 350 députés d’En Marche et du Modem, ouvre une nouvelle ère politique en France, celle des managers. Macron est l’incarnation de l’unification d’un bloc bourgeois néo libéral allant de la droite à la gauche de gouvernement. Cet extrême centre de l’extrême finance à la sauce bonapartiste, se présente comme la vitrine d’une mondialisation libérale à visage humain. Mais, avec le démantèlement du Code du travail et l’Etat d’urgence transcrit dans la loi ordinaire, ce « progressisme » là sera libéral-autoritaire, dérégulateur et fera la guerre contre les pauvres. Macron c’est aussi une nouvelle phase de la crise démocratique qui, avec plus de 56,6 % d’abstention aux législatives, atteint un sommet inégalé. Les classes populaires “votent avec leurs pieds” et se retirent sur leur Aventin. Pour l’écologie politique enfin, l’éradication du groupe EELV à l’Assemblée a au moins un intérêt. Si les vainqueurs en sont les député.e.s élu.e.s ou réélu.e.s grâce au soutien d’En Marche, le débat entre l’écologie libérale et l’écologie sociale peut enfin s’ouvrir. Il montrera les limites d’une écologie qui accompagne le marché, qui s’inscrit dans une démarche antisociale, productiviste et anti écologiste. Les innovations technologiques conjuguées à des politiques privilégiant systématiquement le libre échange ne peuvent pas être la réponse aux crises écologiques de l’anthropocène (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, pollutions des eaux, des sols et de l’air, épuisement des ressources l’utilisation massive de ressources non renouvelables). Rappelons seulement que la population des animaux marins aurait diminué de moitié depuis 1970 selon le WWF. L’idéologie que véhicule cette vision techno-libérale n’a jamais et ne pourra jamais permettre d’aller vers une résolution de ces crises majeures. Ces politiques, déjà à l’oeuvre sur une grande partie de notre planète, n’ont en aucun moment produit un effet de diminution des crises écologiques. En outre, celles-ci frappent de plein fouet les pays déjà les plus pauvres. Ainsi, depuis que le GIEC existe et a fait des prédictions sur l’évolution de la température moyenne sur notre terre selon plusieurs scenarii, c’est toujours le scenario le plus pessimiste qui est suivi dans la décennie qui suit. En 1990, la hausse de température maximale prévue pour 2100 était de 3,5°. Elle frise aujourd’hui les 5°. L’écologie politique n’est pas soluble dans le libéralisme, elle doit être nécessairement une écologie de transformation du modèle économique dominant. Les illusions autour de la personne de Nicolas Hulot vont rapidement disparaître. L’écologie de transformation peut enfin émerger sur les ruines de ce qu’est devenu EELV, ce bureau de placement électoraliste.

2. Cette séquence politique n’est pas franco-française. Elle s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cycle mondial ouvert avec les années Reagan – Thatcher, s’épanouissant avec la chute du Mur de Berlin , la révolution numérique et la globalisation financière . Avec Emmanuel Macron, la France ne sera plus une exception dans le monde néolibéral. Pour Macron, il faut en finir avec le modèle social français pour contribuer à l’alignement de l’Europe sur la politique définie par le G8, l’OMC et les multinationales. Face au chaos géopolitique, il faut que l’équipe gouvernementale assume la guerre de civilisation liée à la lutte contre le « terrorisme » comme idéologie de substitution et de subterfuge face aux questions plus profondes et perfides de domination croissante sur les populations, démunies devant ces enjeux globaux de “captation” des biens et des consciences. Qu’elle assume la guerre préventive dirigée par l’OTAN comme bouclier de cette guerre, la domination des institutions financières internationales et des ? transnationales, le démantèlement des Etats-nation au profit de zones de libre échange et, enfin, les systèmes de surveillance généralisée et de contrôle intéressé des comportements sociaux. Un affrontement entre les oligarchies et les peuples se déroule dans le monde entier. L’instabilité gagne le reste du monde et pousse à l’exacerbation des conflits et au retour de la guerre comme moyen de les résoudre. Les guerres d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan, la situation en Palestine font du Proche et du Moyen-Orient une poudrière en ébullition permanente. En Asie, l’émergence de l’Inde et de la Chine comme des puissances économiques essentielles sont en train de transformer l’économie mondiale et déstabilisent les pays occidentaux. Un des objectifs essentiels de cet affrontement c’est le partage des ressources naturelles et des matières premières. La soutenabilité géopolitique est au centre de la guerre qui vient. L’extractivisme, le brevetage du vivant, l’accaparement des terres et l’économie carbonée sont les enjeux de cette guerre. Les Etats-Unis d’Amérique avec Trump tentent de bâtir une coalition du carbone avec la Russie et les pays du Golfe tandis qu’une ébauche de coalition alternative se construit autour de l’Union Européenne, de la Chine, des Etats du Sud menacés par le changement climatique mais aussi quelques Etats US, des métropoles mondialisées et des mouvements sociaux pour la justice climatique.

3. La forme politique de la domination s’incarne dans la volonté hégémonique du social libéralisme renommé « progressisme ». Ce progressisme a une apparence, celle du renouvellement des élites, de l’ouverture à la « société civile ». Elle a une réalité, la mise en place d’un pouvoir techno-politique dirigé par des hauts fonctionnaires lié.e.s au capitalisme financier et des entrepreneurs. Ce groupe dirigeant s’appuie sur une base sociale assez restreinte, celle des gagnant.e.s de la mondialisation et celle beaucoup plus large de celles et ceux qui aspirent à l’être. En Marche est un Parti-Entreprise construit par de vieux politiciens et de jeunes start uppers-uppeuses et dirigé par un leader au charisme « robotique » issu de l’énarchie et de la banque. L’héritier de Jean-Pierre Jouyet, Jacques Attali et d’Alain Minc, trois personnalités centrales dans les réseaux de pouvoir, soutenus par les bébés de Strauss Kahn, a réussi sa synthèse entre les traditions bonapartistes, orléanistes et social libérales. Du point de vue économique et social, son idéologie veut casser les acquis sociaux pour « libérer l’économie ». D’un point de vue sociétal, elle répond aux aspirations d’une classe moyenne attachée aux codes du capitalisme de séduction, tout en n’hésitant pas à criminaliser les mouvements sociaux. Le blairisme à la française est né à contretemps des « troisièmes voies » souvent en fin de cycle (en Allemagne version Schroeder, en Italie version Renzi, en Grande-Bretagne version Blair, aux Etats Unis version Clinton, …). Il n’a en réalité plus grand chose à offrir sur le plan sociétal dans une société fracturée socialement ou entre des groupes conçus comme antagonistes par le pouvoir sur la base d’appartenances ethniques ou religieuses. L’autre caractéristique du macronisme est d’être un populisme européen qui participe à la dépolitisation générale. En cherchant à tout prix le consensus selon les formules éprouvées au Parlement européen, il marginalise les forces politiques qui refusent le consensus toujours pratiqué au service des puissants. La force de Macron a été de faire croire que l’Union européenne pouvait être changée sans que rien ne change de sa structure basée sur les Traités, le libre échange et les politiques d’austérité. Il s’est appuyé sur la peur suscitée par le Brexit et sur l’absence de Plan B crédible. La question européenne reviendra en force dans les années qui viennent. Pour les écologistes sociaux, rompre avec l’euro béatitude sans tomber dans le repli national est une tâche essentielle.

4. La séquence électorale a été marquée par le dégagisme. Celles et ceux d’en bas se sont débarrassé.e.s de ceux d’en haut, jugé.e.s inutiles, inefficaces, corrompu.e.s, politicien.ne.s. Ce « Qu’ils s’en aillent tous » à la française, a été taxé de populisme alors qu’il est une forme d’expression populaire mais surtout une forme d’intervention électorale face à la crise de représentation. Il a été utile à la nouvelle offre électorale, encore plus à En marche qu’à FI.Celles et ceux d’en bas ne veulent plus être mené.e.s en bateau par celles et ceux d’en haut. C’est le dégagisme qui a été à la base du succès de la France Insoumise qui, à la manière d’une voiture-bélier, a broyé les appareils du PCF, du PS et d’EELV. Pourtant le résultat paradoxal de la séquence électorale est que le présidentialisme sort renforcé de la séquence électorale. Jospin avait accéléré la bipolarisation en inversant le calendrier électoral consacrant ainsi la présidentialisation du régime. Macron en incarnant à la fois le « et droite et gauche », en liquidant les partis qui les représentaient et en se présentant comme le seul garant de l’équilibre des pouvoirs est soutenu alternativement par l’électorat de la gauche contre la droite et inversement. Mais la présidentialisation à l’américaine a son revers. La crise de représentation démocratique sans précédent actée par le second tour des législatives où 56, 6 % des électeurs se sont abstenus sans compter les 2 millions de vote blancs auront des conséquences profondes. Contre un pouvoir illégitime, contre les pleins pouvoirs, les conflits issus de sa politique risquent bien de se régler cette fois ci dans la rue. 
La principale victime du dégagisme a été la gauche plurielle devenue une gauche plus rien. L’union de la gauche n’est plus car elle n’est adaptée ni aux exigences du social libéralisme, ni aux nécessités de la gauche de transformation sociale. Le Parti socialiste n’est plus que l’ombre de lui même. Le constatant, le PRG comme une partie des écologistes ont rejoint l’UMPS relooké, le mouvement En Marche. L’avenir du PS maintenu c’est celui de la gauche italienne ou de la gauche chilienne : être un des acteurs subalternes d’un parti démocrate de gestion de l’ordre néolibéral rassemblant la droite et la gauche. La crise du Parti Socialiste était inéluctable car c’est une crise idéologique, stratégique et générationnelle. La tentation de « Troisième force » a toujours divisé la gauche gestionnaire. François Hollande était favorable à ce tournant stratégique mais il ne s’en est pas donné les moyens politiques. Jusqu’à la fin du XXème Siècle, les Etats-Nations assuraient des possibilités de redistribution. Aujourd’hui, la mondialisation libérale étouffe les possibilités d’indépendance d’une gauche réformiste dans la lignée de Jaurès, Blum, Mitterrand. Le néo-centrisme est le nouvel outil de la domination libérale car celle-ci n’a plus besoin de s’encombrer des illusions de redistribution de la sociale démocratie. Le chemin est ouvert aux partisans de la société de post croissance qui risque bien de s’imposer non par le choix mais par la nécessité.

5. La gauche de transformation sociale s’est retrouvée majoritairement dans la France Insoumise. Celle-ci est forte de sa cohérence politique de sa capacité de mobilisation et du charisme « jaurésien » de son leader. Avec un groupe à l’Assemblée, elle a les moyens de fédérer la gauche et l’écologie populaire. Le reste, c’est-à-dire les appareils PCF, PS, EELV, ont explosés en vol faute d’avoir clarifié leurs contours idéologique, stratégique et politique ; Face au bloc bourgeois social libéral, notre tâche est de construire un bloc populaire pour l’alternative citoyenne qui, dans l’indépendance absolue avec le Parti socialiste, unisse les composantes disparates de la gauche de transformation sociale. Organiser la résistance à la révolution néo-libérale est l’urgence absolue. La démoralisation, la démotivation, l’éparpillement comme après chaque défaite va gagner toute la gauche. On peut s’attendre à des explosions de colère sans lendemain et des règlements de compte au sein et entre les partis. Nous devons refuser ces impasses et proposer une feuille de route au mouvement social. Elle passe par la construction du mouvement de résistance à la mainmise de la « République En Marche » sur tous les rouages du système politique et par la lutte contre les politiques antisociales.
La destruction et le démantèlement du tissu de la révolution industrielle a déplacé la centralité de l’action politique de l’entreprise au quartier. Il n’y a plus de priorité entre les urgences sociale, sociétale et environnementale. C’est l’accumulation des injustices et des inégalités qui allume le détonateur des résistances. La précarisation des conditions de vie ne se résume pas à la question du travail, du logement ou du revenu. C’est la lutte contre la précarisation et la marchandisation de la vie qui doit être l’enjeu de la résistance. L’élection présidentielle a démontré l’immense besoin de prévention, de protection et de sécurisation de la plus grande partie de la population. Refuser d’être des kleenex, corvéables, vendables, jetables à merci c’est déjà lutter contre le macronisme et l’ubérisation qui va avec, c’est aussi lutter pour que la santé environnementale (avec les conséquences de sa non-prise en compte chez les salariés comme chez les riverains), soit considérée comme une question sociale et écologique à part entière. La défense des libertés démocratiques est le second pilier de la résistance. La lutte contre l'État d’urgence dont les dispositions d’exception vont être introduites dans la loi, comme celle pour les libertés numériques est une priorité. 
L’émergence de mouvements politiques nouveaux a été centrale dans ses élections. Autant En Marche que LFI sont des OVNI politiques. Des centaines de milliers de gens peuvent s’organiser et agir horizontalement dans le cadre fourni par une direction politique verticaliste. Ce modèle, issu du grillinisme (mouvement cinq étoiles en Italie) et en partie de Podemos et du mouvement pro-Sanders, rompt radicalement avec la structuration pyramidale des partis nés de la révolution industrielle. Le centre nerveux de l’organisation n’est plus le lieu de travail, ni même le quartier. L’organisateur collectif n’est plus le journal. L’espace où se déploie l’organisation politique est le réseau social virtuel et les événements physiques ou virtuels qu’il promeut. La recomposition politique ne pourra pas se faire à travers les vieux appareils issus de l’ère industrielle. La révolution numérique change la donne. Les débats sur la recomposition qui est en cours ne passent plus par la seule remise en cause de la Charte d’Amiens qui avait ossifié les rapports entre syndicats et partis politiques, les deux étant des catégories étanches. Il faudra désormais combiner l’activité virtuelle du réseau social avec l’action « coopérative », le tout bâtissant une contre-société, un « peuple en mouvement ». Tous les essais en France ont jusqu’ici été des échecs de la forme cartel du Front de Gauche à la coopérative d’EELV en passant par le NPA et Nouvelle Donne. La France Insoumise si elle ne veut pas connaître leur sort devra se dépasser, inventer les règles de cohabitation entre parti PG et mouvement FI, et trouver la forme d’un mouvement alterpolitique de type nouveau où la démocratie et l’action militante pourront se conjuguer. Le nouveau mouvement politique de masse se formera par en bas et par en haut. En bas par le maillage de groupes locaux issus des partis (Insoumis, EEVL, PCF, gauche du PS, mouvance citoyenne) et surtout de citoyens non encartés, par en haut à travers le regroupement des parlementaires à l’Assemblée et au Sénat et des autres élu.e.s qui s’organiseront en lien avec la résistance des mouvements sociaux.

6. L’écologie politique « mainstream » d’EELV a failli. Le retrait du candidat écologiste pour la première fois depuis 1974 aura acté l’existence de trois écologies masqué par l’absence de débat au sein d’EELV. Ces trois écologies émergent du vide idéologique incarnée par l’appareil d’EELV. Ces trois écologies ont leur légitimité propre. L’écologie de marché, la sociale écologie et l’écologie de transformation représentent des orientations, des contenus programmatiques et des alliances potentielles différentes. `
L’écologie politique est conflictuelle pas consensuelle et doit non seulement tirer le bilan de ses erreurs tactiques mais surtout rompre avec ses mythes fondateurs : l’autonomie stratégique, le peuple de l’écologie, la majorité culturelle. La première notion est impraticable sans une vraie proportionnelle, improbable dans la Vème république. Elle existerait que cela n’invalide pas la question des alliances qui, comme en Allemagne, est toujours aussi prégnante. Le peuple de l’écologie n’existe pas car tout peuple politique que ce soit, celui de Macron avec ses start-uppers/uppeuses de l’extrême centre ou celui de Mélenchon avec ses insoumis.e.s, se construit dans une dynamique politique et dans des pratiques sociales éparses. On n’est pas un citoyen écologiste quand on va chercher son panier à l’AMAP. Il n’existe pas de peuple écologiste. C’est un objectif à atteindre. Quant à la majorité culturelle, s’il en existe une, elle est environnementaliste et non écologiste. Confondre l’adhésion à un projet de protection de l’environnement avec l’adhésion à un projet de société écologiste est l’erreur originelle des Verts puis d’EELV. 
EELV a été jusqu’au bout de son alliance structurelle avec le PS. Sa direction s’oriente vers la sociale écologie en choisissant de se regrouper avec ce qui reste de la gauche du PS pour construire un nouveau PSU. Cette voie est une impasse. La sociale démocratie-verte sera broyée comme le PS l’a été entre Macron et Mélenchon. Son espace est déjà pris par les « écolos» d’En Marche, Hulot en tête , pour qui la sortie de la crise passe par l’investissement massif dans le développement durable comme nouvelle source de profit pour les sociétés occidentales menacées par les pays émergents. Le Groupe Vert au Parlement européen est devenu le laboratoire idéologique de cette politique maintenant suivie par le PVE dans de nombreux pays ( Finlande, Allemagne, Autriche, Tchéquie …).

7. Construire Ecologie Sociale comme un mouvement central de l’écologie populaire:
Depuis sa prise de position en faveur de JLM, Ecologie sociale a fédéré des cadres de valeur, membres ou non d’EELV, d’associations, de collectifs porteurs d’un projet d’écologie populaire et dessinant une insertion stratégique dans le mouvement social. Il faut maintenant qu’elle se dote d’une feuille de route :
- Défendre un projet de société écologiste. Devant la faillite de l’écologie « mainstream » réduite à un consensus mou autour de quelques mesures autour de la transition écologique, nous devons expliquer en quoi notre projet de société écologiste, décentralisée, communaliste, autogestionnaire est différent de la société de marché. Il faut pour cela rompre avec l’idéologie du développement durable, de l’économie verte ou encore de la transition écologique, termes valises cachant le plus souvent le greenwashing. Ce projet de société écologiste passe par la recherche de toutes les formes de démarchandisation et de déconstruction des modèles dominants de la pensée, ici et maintenant. Il s’agit de faire contre société en construisant un peuple de l’écologie à travers un mouvement. La force des écologistes sociaux, c’est de prendre en main cette bataille par le bas, en partant du municipalisme de combat, des enjeux liés à la santé environnementale, à l’alimentation, à l’écologie urbaine, à la défense des communs, des formes de démocratie collaborative, de production d’information et de medias indépendants. Comme le PCF des années 30-50 ou certains mouvements des années 70, il faut faire « contre société », c’est-à-dire bâtir des formes de société alternatives et écologiques dans tous les domaines des politiques publiques, ou intersticielles, en passant par l’aide concrète aux populations les plus fragiles. C’était le projet initial de la Coopérative d’EELV. Il peut maintenant être mis en œuvre avec toutes les forces qui se réclament de la gauche écologiste insoumise.
- Construire un pôle d’écologie sociale, inséré dans une dynamique claire antilibérale réunissant tous les courants de l’écologie de transformation. Ecologie Sociale doit rester un espace transpartidaire dans cette phase particulière. Ce qui fait notre richesse c’est la construction d’une orientation d’écologie populaire qui pour le moment est minoritaire. Cette option n’a pas de précédent dans le mouvement écologiste, sauf à l’échelle locale comme à Grenoble. Celles et ceux qui l’emprunteront devront donc innover et créer à partir de leurs seules convictions cet espace politique. L’écologie populaire est divisée. L’écologie politique doit unifier l’écologie associative, l’écologie municipale et l’écologie mouvementiste (celle des zadistes notamment) de plus en plus concurrentes. Pour cela elle doit surtout investir des terrains désertés par les écologistes (quartiers populaires, injustices sociales et environnementales, rapports nord/sud) et contribuer à faire émerger des mouvements et initiatives capables de fédérer des mondes clivés tels que paysans et habitants des banlieues pour faire culture commune des combats de “sans droits”.
Ecologie Sociale doit ouvrir un espace politique permanent de discussion avec les autres composantes du mouvement d’écologie populaire (écosocialistes, écosyndicalistes, Utopia, décroissants, gauche alternative d’Ensemble, …) et des mouvements citoyens apparus cette année. L’objectif est l’unification des composantes écologistes apparues dans la campagne JLM : l’altermondialisme, l’écologie sociale et les militants des quartiers sans rompre avec les centaines de militant.e.s verts déboussolé.e.s après le retrait de leur candidat et le ralliement au PS contraire à l’engagement du Congrès de juin 2016. 
- Préparer dés maintenant les municipales de 2020. Ecologie Sociale doit avec d’autres contribuer à l’émergence de listes citoyennes en formulant des propositions de programmes municipaux déclinables notamment dans les quartiers populaires. Construire un municipalisme écologique est la condition d’une construction politique nationale.
- Se concentrer sur la formation et la politisation des mouvements sociaux écologiques, et de la jeunesse en formation. Nous devons, comme La France Insoumise a su le faire dans la campagne, renouer avec l’éducation populaire en organisant des Universités populaires de l’écologie autour de l’histoire de l’écologie paysanne et ouvrière et des orientations de l’écologie sociale. Nous devons constituer un réseau d’éco-syndicalistes pour renouer avec le mouvement ouvrier et aider au développement d’une force d’écologie sociale implantée dans les universités et les lycées et tisser des liens plus étroits avec les mouvements d’éducation à l’environnement qui fasse la part belle à une approche plus systémique et politique des questions environnementales. 
-Construire un réseau transnational d’écologie populaire regroupant l’écologie sociale, l’écosocialisme, la décroissance soutenable. L’écologie politique ne peut être absente de l’affrontement entre les oligarchies et les peuples qui se déroule dans le monde entier. Les écologistes sociaux sont souvent au coeur de ces mouvements même s’ils y sont minoritaires. L’internationale des partis verts telle qu’elle existe ne permet pas d’être des acteurs réels de ce mouvement qui des Zad aux luttes contre l’extractivisme en passant par le mouvement pour la justice climatique est en train de redessiner les contours de l’écologie politique.


Ecologie sociale se structure : vous pouvez prendre contact avec nous pour adhérer, devenir un relais local, faire des remarques sur le texte, proposer pour notre site des textes de discussion, organiser des réunions là où vous êtes….
pouruneecologieinsoumise@gmail.com

Tag(s) : #Débats et réflexions ouvertes
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