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D'acier est le premier roman de Sylvia Avallonne.

Née en 1984, cette jeune romancière et poètesse italienne, a étudié la philosophie à Bologne.

Elle a vécu à Piombino, la ville industrielle qui sert de toile de fond au roman D'acier.

Ce premier roman, célébré par la critique italienne est devenu un film sorti en 2013.

Silvia Allones une bella donna

Silvia Allones une bella donna

On peut dire de ce beau roman social à l'écriture rapide, qu'il incarne des personnages de comédie italienne mais d'une comédie aujourd'hui qui tourne mal.

40 ans auparavant il y avait l'Histoire qui ouvrait des perspectives malgré les difficultés du quotidien.

Les solidarités issues de la Résistance et des conquêtes ouvrières d'Après-Guerre ouvraient des espérances populaires.

Aujourd'hui à Piombino, comme dans le reste de l'Italie, l'optimisme n'est plus de rigueur.

Le vieux port de Piombino

Le vieux port de Piombino

Et les aciéries

Et les aciéries

La classe ouvière (qui n'ira pas au Paradis) n'est plus l'avant garde de rien du tout.

Le pilonnage de la TV berlusconnienne, machine à décerveler les petites gens, a eu raison dans un flot de paillettes, de filles à poil et de violences primaires des résistances de masse.

L'action se déroule en 2001.

2001 c'est le triomphe de Berlusconi.

2001 la jeunesse européenne manifeste en masse à Gênes lors d'un rassemblement contre la politique du G 8 ; résultat 1 mort Carlos Giuliani et des centaines de blessés.

Pas d'écho à Piombino, situé est à quelques dizaines de kms de Gènes.

2001 c'est l'attentat de New York que l'on vit en direct avec les ouvriers complètement extérieur aux bruits du Monde.

Anesthésiés !

Mort de Carlos Giuliani à Gênes en 2001

Mort de Carlos Giuliani à Gênes en 2001

Bref, l'opium du Peuple n'est plus l'Eglise mais la blanche, la poudre, l'héroïne, le hashich additionnés à l'alcool pour tenir les cadences infernales.

Désespérance, violences machistes (les femmes comme le disait Marx sont les prolétaires de l'homme), avenir sans futur. Ces faits connus, reconnus sont acceptés par tous. Dans cette cité Stalingrad déglinguée, construite face à la Méditerranée par la municipalité PCI ("les ouvriers ont droit aussi d'avoir vu sur la mer"), dans les années 60/70.

Les solutions pour s'en sortir ne sont donc plus à l'action collective mais à la démerde.

Mafieuse pour le père ancien ouvrier devenu bandit et qui cherche à y entraîner son fils Alessio qui refuse cette voie (« faite pour baiser les autres »), peut être encore influencé par sa mère Sandra (toujours membre du Parti Démocrate ou de ce qu'il en reste) et il est fier de sa condition ouvrière qui le pousse à rester à la Lucchini.

Innacessible, l'Ile d'Elbe est située à 4 km de Piombino

Innacessible, l'Ile d'Elbe est située à 4 km de Piombino

Anna et Francesca

Anna et Francesca

Et là, dans cet univers de désespérance, nous allons nous attacher au destin et aux rêves de deux adolescentes, belles, jeunes, Anna et Francesca, 13 ans et des poussières, vivant pleinement leur complicité, sous le regard sans indulgence des adultes jeunes ou vieux.

Destin implacable qui broie, humilie et ferme les portes mais ou Silvia Avallone laisse exister un espoir ténu, malgré le climat général de naufrage.

La plage côté prolo, paradis des deux jeunes filles.

La plage côté prolo, paradis des deux jeunes filles.

Ce roman sociologique, politique, montre une vision réaliste de l'Italie contemporaine.

Pas de nostalgie dans le style « à la recherche d'un temps perdu ».

Une iIllustration des années Berlusconi destructrices d'emplois industriels par la prise de pouvoir de la Finance sur l'Industrie, broyant anonymement les hommes (playmobils interchangeables) ..............au gré de leurs intérêts « propres ????? ».

L'exemple de la Lucchini qui en quelques annéees qui est passée de 10 000 à quelques centaines d'ouvriers, par un jeu habile de délocalisations, organisées avec la bénédiction des institutions italiennes et européennes.

Touché par ce livre ou l'auteur sait visiblement de quoi elle parle, Silvia Avallone nous entraine dans plusieurs mondes qui se côtoient, s'igorent et même si la notion de luttes de classes semble bien lontaine, les classes sociales elles restent bien marquées.

"Classe ouvrière en soi et pas classe ouvrière pour soi" comme le disait K.M.

Nous sommes en Toscane, région touristique réputée mondialement, masquant l'autre versant, celle des travailleurs et besogneux.

Les prolos de la cité Stalingrad sont les descendants d'une tradition d'ouvriers du fer, région connue depuis les Etrusques, par ses mines. Ils seront balayés, écrasés, emportés par la mondialisation.

Qui leur redonnera l'espoir ? La question est ouverte et ne touche pas que cette petite ville de Piombino.

La reconversion n'est pas qu'une adition de petites solutions indivduelles ellerepose bien sur une volonté collective. Quel avenir ? Pour aller ou ?

Hôtel Espéria

Hôtel Espéria

PS : en août 2010, nous avons passé quelques jours à Piombino dans un petit hôtel familial super. Tellement bien qu'on a rien vu de cette cité.

Passant, comme des couillons de touriste devant l'embarcadère pour l'Ile d'Elbe (Ilva en étrusque) et ignorant superbement les vrais habitants. Comme quoi !

Un film tiré du roman est sorti en juin 2013. Quelqu'un l'aurait-il vu ?

Tag(s) : #lecture
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